Meurtre de Pierre Godlman / Ganafoul « T’as bien failli crever ! »

À 12h30, ce jeudi 20 septembre 1979, les terrasses qui entourent la petite place de l’Abbé Georges Hénocque dans le 13ème arrondissement parisien sont combles. Et pour cause, il fait grand soleil, c’est l’heure du déjeuner. C’est l’heure du meurtre aussi. Devant une foule de témoins, un homme se fait abattre. Il reçoit neuf balles à bout portant. Il s’appelle Pierre Goldman. Dix ans auparavant, ce militant d’extrême gauche a versé dans le banditisme. Il a commis des braquages. Le 8 avril 1970, il est arrêté pour le braquage sanglant d’une pharmacie au cours duquel deux pharmaciennes ont été tuées. Il avoue ses autres méfaits, mais nie celui-ci. Il est pourtant condamné en 1974 à perpétuité.

L’intelligentsia de gauche est vent debout, elle dénonce un procès politique. L’arrêt de la cour d’assise est cassé et, au fil des réductions de peine, Pierre Goldman est libéré en 1976. Mais certains veulent ça peau. Quelques heures après son assassinat, ce jeudi 20 septembre 1979, une obscure organisation d’extrême droite baptisée Honneur de la Police revendique l’action. Mais l’affaire ne sera jamais totalement élucidée. L’on évoquera le groupe paramilitaire du Gal qui combat les indépendantistes basques, mais aussi en 2009 le SAC, police parallèle gaulliste déjà mise en cause dans la mort de Robert Boulin.

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Basé à Givors dans le Rhône, cinq jeunes jouent du blues-rock. Réduit à un trio Ganafoul commence à se faire connaître, en 1974. Jack Bon, le guitariste chanteur éructe des textes en français et en anglais, accompagné à la basse par Jean Yves Astier et Yves Rotacher, à la batterie. Les premiers concerts sont difficiles, le public n’adhère pas à ce son brut, ce rock sidérurgique qui collent bien à cette région industrielle. Désespérés, les musiciens se séparent, mais Jean Yves le bassiste et jack Bon le guitariste continuent ensemble et décident de garder le nom du groupe.

Après avoir assuré la première partie de son spectacle à Lyon, les Ganafoul sympathisent avec Little Bob. Le Normand est séduit par le son du groupe qui a dévié vers le blues. Il les recommande au Label Crypto qui leur propose un contrat, sans hésiter.

Le premier album Sturday Night, au son brut, se vend à 5000 exemplaires. Ganafoul n’a aucune expérience du studio, mais c’est sur les scènes de France qu’il défend le mieux son disque. Ils ont définitivement décidé de chanter en anglais et y parviennent sans difficulté.

Pour l’album Full speed Ahead qui sort fin 1978, Ganafoul soigne la production. Le résultat est plus abouti et le groupe draine alors de plus en plus de spectateurs dans les concerts.

En septembre 1979, Ganafoul est en studio pour l’enregistrement de son quatrième opus. Les mélodies se font plus accrocheuses et les musiciens se laissent même tenter par un reggae.

Durant l’été 1981, sort un disque au titre évocateur « T’as bien failli crever ! » En effet Jean Yves Astier est partit et sans lui, Ganafoul n’avait plus de raison de continuer. C’etait sans compter sur la persévérance de Jack Bon qui devient le leader et recrute deux nouveaux membres. T’as bien failli crever ! reflète d’ailleurs une certaine tristesse et le blues y est très présent. Malgré les efforts de Jack, Ganafoul finira par disparaître, mais aura par sa bonne volonté et son blues rock, marqué le rock français.

1979

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