The WHO

Les plus grands albums de rock sont des albums live, pourquoi ? Parce que c’est sur scène que se déchargent sans trucage, colères et frustrations, énergies brutes et joies instinctives. C’est en live qu’un groupe prend sa véritable dimension et les soirs de grâce touche l’essence même du rock’n roll, cette jouissance aveugle qui enflamme les sens. Les Who furent de dangereux pyromanes ! Chaque soir ils réinventaient leur répertoire, sans balises ni repère, ils volent à vue, tout droit vers l’ouragan. Et c’est au bord du crash que l’instinct de survie les rend géniaux.

Cet album « Live at Leeds » est un petit miracle. En cette soirée du 14 février 1970, les Who donnaient un concert dans une petite salle de l’université de Leeds. Des magnétos tournaient, pas pour enregistrer un album mais pour qu’ils puissent se réécouter ensuite et corriger les erreurs. Il n’y avait donc aucune pression sur eux et ils furent époustouflants de panache, partageant entre classique du rock et des titres de leur répertoire.

La prise de sons sans sophistication restitue la puissance de ce moteur qui se nourrissait de sa propre énergie et on n’a jamais aussi bien distingué ce fil magique qui reliait les 4 membres entre eux. Keith Moon n’a jamais joué un solo de sa vie mais entre ses mains la batterie devenait l’instrument leader, poussant les trois autres à prendre tous les risques pour attraper cette vague sonore à son sommet et la surfer jusqu’à l’horizon.

En écoutant cet album on comprendra pourquoi la tournée Rolling Stone / Who envisagée pendant des années ne se fit pas, Jagger et les Stones refusant la tête d’affiche qu’ils devaient logiquement prendre, sachant parfaitement que personne ne pouvait passer après les WHO.

Du velours dans les oreilles

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